La volonté
Je
crois que je n’ai pas de volonté. Je crois que je n’ai pas assez de
volonté. Au nouvel an, les résolutions. J’en pris deux : arrêter de
fumer et faire du sport. En fait une seule : arrêter de fumer pour
faire du sport. Le sport, c’est du vélo et de la musculation. Je n’ai
pas de volonté. Certes, j’ai arrêté de fumer. Pour certains, c’est très
bien, d’autres un exploit et d’autres encore de la science-fiction. Car
j’ai arrêté sans aucun effort. J’ai utilisé des patchs de nicotine,
15mg/jour pendant 4 semaines puis 10mg/jour pendant une semaine. J’ai
arrêté les patchs après. Pas parce que je sentais que je n’en avais
plus besoin, mais parce que ça ne m’amusait plus de trouver un endroit
sur mon torse qui n’avait pas encore été « patché ». Je n’ai pas de
volonté. Il me reste 21 patchs à 10mg/jour, si ça intéresse quelqu’un ?
Après avoir arrêté de fumer et après avoir arrêté les patchs, je n’ai
pas pris de poids. Est-ce dû à une alimentation de Spartiate ? Non, car
j’ai commencé à faire des tartes (pommes, citrons, poires et chocolat)
et des cakes salés (jambon, puis jambon et olives puis jambon, olives
et pignons de pin). Je n’ai pas de volonté. Parmi tous ceux qui ont
arrêté de fumer, certains (voire beaucoup) ont recommencé peu de temps
après. J’ai donc décidé de recommencer à fumer pour arrêter à nouveau
et vérifier si c’est vraiment facile. J’ai échoué : je n’ai pas de
volonté. J’ai fumé trois cigarettes de suite. La première fut
particulière car je refaisais un geste que je n’avais plus fait depuis
deux mois, mais je dus l’éteindre après deux « taffes » tellement ça
avait mauvais goût. J’attendis un peu puis en allumais une deuxième. Je
la fumais jusqu’au bout. Elle n’avait vraiment pas bon goût. Quant à la
troisième et dernière cigarette que je fuma ce matin-là, elle me donna
enfin l’envie de vomir. Par manque de volonté et de goût, j’abandonnais
ma tentative de fumer à nouveau. Je n’ai pas de volonté.
Faire du
sport, vélo et musculation. Aux dernières grèves des transports en
commun (vraiment les dernières, puisque maintenant, le droit de grève
est supprimé dans les transports en commun), j’achetai un vélo, un beau
vélo rouge et gris (photo quelque part sur le blog ou sur
décathlon.fr). Depuis, j’ai redécouvert les joies du vélo. Mais faire
du vélo pour du vélo, c’est amusant lorsque l’on a neuf ou dix ans
(j’en faisais tous les jours d’ailleurs à cette époque-là). Maintenant,
il me faut une raison pour en faire, un objectif, une destination. Je
n’ai pas de volonté. Certains pourraient dire : « Il est courageux,
regardez ! Il a treize kilomètres à faire pour aller au travail en vélo
! ». Oui, 13km, 26 avec le retour. Mais il s’agit de faire la course
avec les bus, emmerder les taxis et les fourgonnettes qui me le rendent
bien, considérer les cyclistes devant moi comme des objectifs à
atteindre comme dans une course. C’est aussi faire l’extérieur à des
dizaines de voitures Porte de St Ouen, ouvrir en grand et se lancer à
fond (environ 30, parfois 35km/h) sur la Place de la Concorde, être au
taquet rue d’Amsterdam et sur le boulevard St Michel, faire croire
qu’on a le temps à Barbès (parce que ça monte), tirer un coup de
sonnette pour faire peur aux pigeons, aux vieilles dames et aux
nonettes (si jamais il y en avait), jouer au snob en s’arrêtant à tous
les feux rouges sauf orange et sauf devant les lycées (habitude pris
pendant la grève : Je profitais de ces arrêts pour reprendre mon
souffle). Bref, c’est pas du sport, c’est un jeu. Je ne vais pas au
travail en vélo pour faire du sport en allant au travail, mais parce
que ça m’amuse ! Je n’ai pas de volonté. Dernier exemple avec le vélo.
Dimanche dernier (23/03/2008), il est bientôt midi, il fait beau,
enfin, il ne pleut pas. Je me dis que ça serait bien de faire un tour
de vélo. Mais pour aller où ? À la maison ? C’est trop loin : 7 ou 8 Km
aller. Rouler sans but précis ? Je n’ai plus 9 ans. Aller faire réviser
mon vélo parce que la dernière fois que j’ai voulu le faire le type
m’a envoyé chier (manque d’envie de s’en occuper) ? Ben, c’est
dimanche. Mais j’y pense ! Travis. On en est au tome 8 et je n’ai que
les cinq premiers. Aussitôt pensé, aussitôt fait. Je prends mon vélo,
descends l’escalier en courant et m’élance vers le Quartier Latin.
Ving-cinq minutes d’une folle cavalcade plus tard, j’attache mon vélo
devant la boutique. J’en ressortirai avec quatre albums de Travis et
deux albums Ciboulettes. Je n’ai pas de volonté.
Faire
de la
musculation, la bonne blague. Je devrai en faire, je dois en faire.
C’est ainsi que j’aurais un corps de rêves, des pectoraux à la Rocky,
une tablette de chocolat (blanc à très pâle), les fessiers de JCVD, les
biceps de Rocky (encore) ou de Rambo (même vieux, ils sont vachement
costauds ces garçons !), et des jambes… Mais quelles jambes ! Ou mieux
encore : comme mon frère ! Ses jambes à lui soulèvent 400kg et ses bras
sont au moins aussi larges que mes cuisses mais en plus costauds.
D'ailleurs, il a dépassé le stade costaud : il est "stocosse". Mais je
n’ai
pas de volonté. N’ayant pas trouvé de façon de ranger facilement mon
linge comme ma Maman le faisait pour moi lorsque j’ai 9 ou 10 ans (je
commence à regretter cette époque) et avant, j’ai mis ma planche de
musculation à la verticale. C’est un truc pour qu’elle ne prenne pas
trop de place. Depuis, elle n’a plus quitté sa position. D’ailleurs,
elle ressemble à s’y méprendre avec un valet de nuit. Vous savez, ces
meubles comme ça .
Donc, j’y ai accroché mes pantalons, mes chemises, mes pulls. Je les
range de temps en temps. Mais lorsqu’ils sont rangés, le séchoir est
posé à côté de la table de musculation et pour garder un peu de place,
je laisse la table en position verticale… Je n’ai pas de volonté. Et
comme, je passe mon temps à m’acheter de nouveaux habits, la situation
n’est pas prête de s’améliorer. De toute façon, vous le savez
désormais, je n’ai pas de volonté.