Benoît Brisefer Contre Docteur No
Lorsque
j’étais petit, je voulais être Benoît Brisefer. Vous savez, ce petit garçon
poli, aimable, sage, appliqué à ses devoirs de mathématiques avec des robinets
et qui est fort, très fort, terriblement fort ! En plus il court très très
TRES vite, saute à la fois très loin et très haut. Mais dès qu’il attrape un
rhume, il perd toute sa force.
Je
n’avais pas la collection complète à cet âge-là. Je ne l’ai eu que très
récemment. A ce moment, j’avais « Les Taxis rouges », « Madame
Adolphine » (mon préféré de l’époque, avec des robots et tout),
« Tonton Placide », « Lady d’Olphine » et « Le
fétiche ». Sur la quatrième de couverture, je rêvais de pouvoir lire un
jour « Le cirque Bodoni », « Les douze travaux de Benoît
Brisefer », mais mon argent de poche était dilapidée en bonbon et en Pif
de poche (avec la couverture rouge) ou en Placide et Muzo de poche (couverture
bleue). Depuis deux ans maintenant, je me mis en tête de compléter mes
collections ‘enfantines’ en achetant des Spirou et Fantasio, des Schtroumpfs,
des Johan et Pirlouit, des Benoît Brisefer, des Astérix et Obélix.
Je
relisais « Tonton Placide » l’autre jour et me rendis compte combien
cet épisode était extraordinaire… L’édition que je possède date de 1976 et doit
peut-être correspondre à une première édition si l’on prend en compte la façon
dont les personnages secondaires s’habillent et se coiffent et les moyens
utilisés (après avoir cherché, la première édition date de 1969). Dans Tonton
Placide, Benoît part en vacances chez son oncle (surpris ?), celui qui
travaille à la SAPPET, Service Auxiliaire de Protection des Personnes
Etrangères au Territoire, un gorille quoi. Leurs vacances ont à peine commencé
que le colonel, personnage moustachu et mystérieux confie à Tonton Placide la
simple mission d’accompagner Mr Chnik, une huile des finances du Furengrootbadenstein
à l’aéroport. Il est venu à la banque centrale, récupérer les plaques qui
permettent l’impression de leurs billets, car au départ, le Furengrootbadenstein
n’avait pas le matériel pour le faire. C’est alors qu’une bande de malfaiteurs,
organisée, gadgetisée et très nombreuse se met en tête de mettre la main sur
les plaques à billets. Cette organisation ressemble beaucoup au Spectre du
docteur No (mais sans chat). Ils sont partout, disposent du meilleur de la
technologie : aspirateur électrique volant, téléphone portable dans les
chaussures, engin tout terrain six roues avec mitrailleuse et lance missiles,
pistolet équipé d’émetteurs ultrason, et bien sûr roulent dans de puissantes
voitures de sport. Autant dire que Mr Chnik, Tonton Placide et Benoît risquent
gros.
Peut-être
que vous l’avez oublié mais Benoît est fort, très fort, terriblement
FORT ! Et les choses ne vont pas exactement se passer comme prévu. Benoît
va les mettre en déroute. Ce qui est classique aux autres albums c’est que
personne ne le croit lorsqu’il dit qu’il est très fort. Par exemple, Benoît
demande à son oncle d’arrêter la voiture, une grosse Mercedes pour qu’il puisse
descendre et casser celle des méchants qui les poursuivent. Et que croyez-vous
que son Tonton lui répond, peut-être un truc du genre « pas tout de suite,
le stationnement est interdis par ici… » Non pas du tout : «
Arrête de dire des bêtises ! » Benoît, dire des bêtises !
Certes, son Tonton est aussi très efficace dans son genre : en utilisant
le rétroviseur gauche il vise et tire dans le pneu de la Mustang et elle part
les quatre fers en l’air. Si au départ, Tonton Placide est un peu étonné que
les bandits soient déjà maîtrisés, assommés, ou attachés, que leurs voitures
soient mises en pièces, retournées, écrabouillées ; à la fin, il n’y fait
même plus attention et Benoît a renoncé à raconter comment il y est parvenu
avec sa façon particulière de conter les choses.
Si
vous savez à présent tout pleins de choses sur « Tonton Placide »,
lisez-le quand même (Fnac, Virgin, Gibert, Album), ça vaut vraiment le coup. On
se rend compte après que James Bond, les X-men, Superman, Néo de Matrix sont
des plaisantins à côté de Benoît Brisefer.
Benoît
Brisefer, Tonton Placide.
Scénario
et dessin de Peyo.