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Le Capharnaüm du Bonsaï
17 mars 2008

Les Droits de l'Automobiliste ou le savoir-conduire bruxellois

Ce qui va suivre est un petit manuel destiné aux touristes désirant aller à Bruxelles en voiture. Les situations décrites ne sontBruxelles_01 valables qu'à Bruxelles, le reste de la Belgique ne subissant pas ce genre de désagréement (en tout cas, la chose n'est pas encore prouvée). Les photos décorent et les plans illustrent les propos.

Pour conduire à Bruxelles, il y a une règle principale et deux principes de base à savoir et à retenir en toute circonstance. La règle, est la suivante : celui qui vient de la droite a la priorité. Une priorité à droite donc, et alors ? Attendez un peu... Les deux principes sont : n°1, les automobilistes bruxellois ont le temps ; n°2, si j'ai le droit de le faire, je dois le faire. C'est le principe n°2 qui est à l'origine de toutes les situations véridiques
décrites ci-dessous, et vérifiées par l'auteur ou par une source sûre à 100%. Je le dis une seconde fois, ce que vous allez lire est VRAI.
Bruxelles et sa banlieue sont dix fois plus petites que Paris et sa banlieue, en taille et en population. Néanmoins, d'impressionnants embouteillages peuvent surgir au delà d'un carrefour et durer une bonne quinzaine de minutes avant que la situation ne s'améliorent. Parmi les nombreuses causes possibles et imaginables voici les causes réelles.
1°) Le stationnement en double file.
  Vous allez me dire : "Dans toutes les grandes villes, des gens stationnent en double file !". C'est vrai, mais il y a une petite subtilité à Bruxelles et plusieurs variantes. La subtilité, c'est la façon dont les automobilistes doublent la voiture arrêtée devant double_file_n_2eux en prenant en compte le "j'ai le droit de le faire, donc je dois le faire". Lorsqu'une liberté devient un devoir, cela crée des situations particulièrement caucasses. La première variante consiste à se mettre en double file sur une rue à deux voies et à double sens. Le classique. L'automobiliste de derrière va donc doubler la voiture arrêtée devant lui car il veut continuer son chemin et puis, il a le droit de le faire. L'automobiliste arrivant dans l'autre sens lui ne ralentit pas parce que ce n'est pas de son côté que la voiture est arrêtée. Les deux véhicules se retrouvent alors face à face à la hauteur de la voiture en double file. En peu de temps, il y a des files de voitures derrière celles-ci et l'on obtient des embouteillages. Comme aucun des deux automobilistes bruxellois ne veut céder (parce qu'ils avaient le droit de faire ce qu'ils ont fait), il faut attendre que la voiture en double file reprenne son chemin pour que la situation se débloque. Curieusement, personne ne kaxonne. Parce qu'ils ont le temps. La seconde variante se situe sur la rue Rogier, avant le croisement avec la rue des Palais, lorsque l'on se dirige vers l'ouest (allez sur google map pour voir). A cet endroit de l'avenue, il n'y a que deux voies et chacune sert aux voitures et au tramway (ligne 25). Imaginez alors qu'un automobiliste s'arrête sur la rue pour une petite course dans l'épicerie d'à côté. La même situation se reproduit mais avec un tramway dans une des files. La circulation étant telle à cet endroit qu'en seulement cinq petites minutes, les carrefours de la rue Rogier avec la rue des Palais et avec la rue de la Poste sont bloqués et cela peut s'étendre comme un virus informatique sur un réseau de PC.
2°) Le carrefour des trois plus un.
  Imaginez un simple petit carrefour, deux rues à double sens qui se croisent sans feu ni rond point. Aux heures de pointe, il n'est pas rare à certains croisements, voir quatre voitures arrivent presqu'en même temps. Chaque voiture cèdent alors la priorité à la voiture venant de droite après avoir pris la priorité à celle venant de gauche. Ils ont la priorité, ils arrivent de la droite, alors ils prennent cette priorité parce qu'ils ont le droit. Et si ils ont le droit, ils le font. Au final, le croisement est bloqué. Dans toutes autres grandes villes du reste du monde, l'on entendrait dans l'instant un orchestre de klaxons asourdissant et de noms d'oiseaux plombant les airs. Mais à Bruxelles, non. Ils ont le temps. Donc on attend patiemment qu'un des quatre cède. Une fois que l'un d'eux cède, les trois autres peuvent alors passer dans l'ordre de leur droit et les voitures qui suivent, passent alors dans le même ordre, car si l'une d'elles plus pressée (un touriste sans doute) que les autres voulaient prendre le tour d'une autre, la situation, la même recommencerait.
3°) Ma voiture et mon droit.
  Comme la seconde variante du cas n°1, la troisième possibilité n'arrive pas n'importe où. L'endroit où le cas se produit de manière régulière est sur la photo ci-dessous. Il s'agit des croisements que la rue de la Consolation a avec la rue Monrose et Ma_voiture_et_mon_droitavec l'avenue Paul Deschanel. La scène se passe vers 8h45, un jeudi matin. Une voiture venant de l'est (de la droite) sur la rue de la Consolation veut tourner à gauche Avenue Paul Deschanel. Elle se place alors au carrefour (sans clignotant mais parfois avec) et attend que plus aucun véhicule n'arrive. Mais il y a de la circulation. Derrière elle, les voitures commencent à s'accumuler. venant de l'ouest (de la gauche), une voiture arrive et souhaite tourner à gauche rue Monrose. Elle fait de même et attend qu'aucune voiture ne se présente devant elle. De chaque côté de la rue, les voitures avancent autant que possible, jusqu'à ce mettre à la hauteur des voitures souhaitant tourner à gauche. C'est normal : elles avaient le droit d'avancer jusque là alors elles ont avancé jusque là. Les autres voitures ont le droit de tourner à gauche, mais elles n'ont pas la priorité alors elles ne comptent pas. Ce qui est également extraordinaire c'est la façon dont la situation se débloque. Certes les automobilistes bruxellois ont le temps, ils ont aussi des obligations et doivent aller au travail le matin (ils ne roulent pas dans la ville uniquement pour s'amuser), il faut donc qu'ils avancent. Et pour qu'ils avancent, il faut que l'une des deux voitures voulant bifurquer, cède. Il faut que l'automobiliste bruxellois cède et tourne au prochain croisement. C'est l'UNIQUE solution à cette incroyable situation.

ruine_01Avant de vous lâcher dans la vile, il y a encore une importante chose à savoir : roulez en 4x4 !!! Curieux de la part d'un adepte du vélo ou des transports en commun à Paris, non ? Mais Bruxelles n'est pas dans le "plat pays" et c'est composé d'autant de collines que Rome (Arx tarpeia Capitoli proxima, je te laisse la traduction, tu es très fort en latin) mais avec le climat de Bergen. Pour les transports en commun, c'est bien, pratique, mais trop soumis aux automobilistes donc risqué en cas de timing serré. Donc un 4x4. Parce que la chaussée est plus escarpée qu'un chemin crétois. Le meilleur exemple que je puisse vous donner est la rue des Palais à la hauteur la place Masui (photo), la route est dans le même état que ces ruines... Parfois, la chaussée peut sembler parfaite, mais vous trouverez deux petites tranchées non signalées coupant la rue ! L'autre piège est issu du concours entre les voiries des communes qui forment Bruxelles. Ces voiries essayent d'obtenir le prix de la plaque d'égout la plus basse par rapport au niveau de la route. Sur certaines quatre voies, les plaques d'égout sont entre cinq et dix centimètre en deça de la chaussée et obligent alors les automobilistes à zigzaguer !!!11549792_p

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Commentaires
T
Je confirme et j'ajoute une remarque complémentaire à la thèse "les Bruxellois ont le temps": lors de ces blocages (plutôt qu'embouteillages), je n'ai jamais vu aucun automobiliste se fâcher et agresser un autre automobiliste. Ce qui est vraiment surprenant...
Le Capharnaüm du Bonsaï
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